La démission du président ASTIC, forcément, provoque un retentissement ressenti par tout l’édifice. Elle fut, selon ce que mes confrères d’alors et moi-même avons vécu, la conséquence d’un fait relativement anodin, d’un malentendu, d’un quiproquo, R. ASTIC ayant perçu que l’une de ses initiatives rencontrait une remise en cause de son autorité. L’homme était fier. En dépit d’une requête collégiale du Conseil d’Administration, il ne revînt jamais sur sa décision.
Que pouvions-nous faire mieux que le nommer Président d’honneur ? Ce qui advint en 1975. Nous le revîmes parfois les années suivantes lors de notre salon à la Beaujoire.
Nous décidâmes donc, début 1975, de redistribuer les rôles dans le Conseil :
– G. VANNERAUD devient président ; il sera, durant ses 23 années de présidence, la seconde grande pointure de l’AMO, parfait continuateur de l’œuvre fondée par R. ASTIC.
– J. GOIX, prend la place de trésorier, tâche qu’il aura accomplie avec un souci de l’exactitude, une précision dans la minutie jusqu’à la fin de 1994 ; vingt ans de bons et loyaux services unanimement appréciés. Il mérite aussi des hommages.
– C. BEAUVAIS est, quant à lui, confirmé dans sa charge de secrétaire qu’il assumait depuis le décès de A. GAUTIER.
C’est ainsi que l’AMO devait entamer l’ère qui allait lui conférer une reconnaissance des plus hauts milieux de la mycologie. Au cours de cette même année 1975 sera créée la deuxième section de l’AMO, à Boussay, petite commune sise à l’extrême sud-est de la Loire-Atlantique. Pendant quelques années, l’AMO file tranquillement sur son erre, sans à-coups, forte de ses adhérents dont le nombre reste au plus haut. Les sorties sont toujours organisées dans les forêts, pour la plupart privées, sans que nous rencontrions de difficultés pour obtenir les autorisations, notamment en forêt dite « d’Ancenis » sur la commune de Riaillé, à propos de laquelle on m’a relaté cette anecdote :
« Un dimanche de belle facture par son ensoleillement, deux de nos aimables consœurs s’en revenaient par l’allée principale traversant la forêt, chacune portant un panier où trônaient quelques beaux spécimens de B. aereus ; ce faisant, elles rencontrent un promeneur qui, après une salutation d’usage, s’extasia : – Oh ! les beaux champignons ; c’est quoi au juste ? Et l’une d’elles de répondre promptement : – Ah! ça, monsieur, ce sont des têtes de nègre… pour aussitôt rougir de confusion en s’apercevant que son interlocuteur était un homme de couleur. Aux excuses aussitôt formulées, il répondit avec un large sourire ».
D’autres jeunes talents rejoignent nos rangs : C. BERGER, P. DELAUNAY, C. MAILLARD, G. MABON, J. GOURAUD. Tous ont intégré le Conseil d’administration, leur inusable engagement a fait gravir de nombreuses marches à l’AMO.
Suite : Années 80