1950 Création de l’association

Fondateur : Monsieur Roger ASTIC

A.M.O. : Association Mycologique de l’Ouest,  association loi 1901 créée en 1950, déclarée au journal officiel le 12 septembre 1952, affiliée à la Société Mycologique de France (S.M.F. Paris)
Les gens heureux n’ont pas d’histoires, dit l’adage. En va-t-il de même pour les personnes morales ? Somme toute, c’est assez probable si l’on considère que ce sont les êtres composant la communauté qui la font perdurer ou qui en consomment la rupture.

Au moins ont-ils un passé en commun ; et lorsque ce passé, jour après jour, année après année, prend de l’âge, on se prête à croire que, statistiquement, il est chargé d’évènements marquants, de secousses et de félicités.

Lorsque voici quelque temps, on m’a suggéré de relater ces pages de l’AMO, pour son cinquantenaire révolu, je pensais qu’en effet, il y aurait beaucoup à écrire. A cette fin, j’ai consulté quelques-uns des nôtres, parmi les plus anciens, en vue de recueillir leurs témoignages. Cela fait, force m’a été de constater que notre association a vécu dans un confort plutôt tranquille et que rien d’alarmant n’est survenu pour fragiliser sa dynamique interne. Certes, quelques nuages, ici et là, sont venus voiler son ciel, mais aussi de grandes embellies pour activer son rayonnement.

En définitive, la vie de l’AMO ressemble à une longue marche tranquille, sur un parcours jalonné de rencontres, de trouvailles, de surprises, avec des étapes, des relais, des espérances, et pour certains adeptes, une manière de quête initiatique vers la transcendance, pierre philosophale de l’univers fongique.

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Tout a commencé par la volonté d’un homme qui était passionné par les champignons : Roger ASTIC. Avec le concours d’un petit groupe, il décida de la création de l’Association Mycologique de l’Ouest (l’AMO). Il déposa donc des statuts, lesquels sont toujours d’actualité, et l’AMO eut son état civil publié au Journal Officiel le 24 septembre 1952.

R. ASTIC était un homme, petit par la taille, mais pétri de qualités. Né à Vannes en 1901, rue Bonaparte, il y avait en lui quelque chose de l’illustre personnage historique.
Herboriste de son état, dans le quartier des Batignolles à Nantes, il tenait avec sa femme un commerce de droguerie-herboristerie quand éclata la dernière guerre. Au lendemain du célèbre appel de Londres, il entrait dans la résistance sous le pseudonyme de « coprinus », nom qu’il donna d’ailleurs, plus tard, à la maison qu’il fit construire à Carquefou, commune jouxtant la ville de Nantes. Arrêté en janvier 1943, à la suite d’on ne sait quelle dénonciation, il fut, après bien des péripéties, déporté dans l’Allemagne nazie à Dachau, Dora, Buchenwald.

Il me revient cette anecdote, contée par lui, où évoquant la malnutrition dont souffraient les prisonniers dans ces camps, il vit un jour où ils étaient en colonne, des coprins poussant abondamment le long d’une route. Deux soldats de la Wehrmacht surveillaient, en tête et en queue de colonne. Très attiré par les champignons, il parvint à faire comprendre son intérêt à l’une des sentinelles qui l’autorisa à faire sa cueillette ; mais à l’autre bout, le second soldat croyant avoir affaire à une évasion, fit feu aussitôt sur notre homme. Il en réchappa grâce aux cris du premier soldat et put ainsi faire une dégustation de coprins crus.
R. ASTIC revint, à la libération, dans ses foyers, où il reprit ses activités antérieures.
Je l’ai assez bien connu et, pour avoir fréquenté une personne appartenant au même réseau dans la Résistance, j’ai compris qu’il faisait l’unanimité. Il émanait en effet, de cet homme au moral bien trempé, un rayonnement, un charisme qui forçait le respect. Tant par le verbe, le maintien, que par ses actes, il s’imposait à tous comme un leader, un meneur au sens noble. Son autorité cependant était empreinte de bienveillance, de générosité et, toujours, il faisait montre d’une courtoisie qui ajoutait à sa notoriété. Son sens de l’honneur, et aussi des honneurs, il l’a toujours montré dans sa conduite, notamment celle de l’AMO.
Sa fierté trouva l’une de ses récompenses quand lui fut décernée la Légion d’Honneur le 21 février 1963. En outre, une rue de la Ville de Nantes porte son nom.

Le 23 décembre 1989, il s’éteignait chez lui presque dans l’oubli, pour des raisons que nous tairons par déférence pour ses proches. Il est toujours dans nos mémoires et nous lui rendons, ici encore, l’hommage qu’il mérite pour sa vie et son œuvre.

Suite : La première décennie

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